Danse basque : questions & réponses

Le danseur et chercheur Oier Araolaza répond à des questions fréquemment posées autour du thème de la danse basque.

  1. À quand remonte la naissance de la danse basque ?
  2. Existe-t-il une danse traditionnelle basque ?
  3. Pourquoi les Basques aiment-ils la danse ?
  4. Le fandango est-il la danse nationale des Basques ?
  5. Quelle est la signification de l’Aurresku ?
  6. Quand et par qui ont été inventés les sauts de danse du Pays basque nord ?
  7. Est-il vrai que le ballet est issu de la danse basque ?
  8. Dans quels villages peut-on voir les danses basques les plus significatives ?
  9. Pourquoi les costumes de danse sont-ils différents d'une province à l'autre ?
  10. Les mutxiko sont-ils ouverts à tous ?
  11. La danse traditionnelle basque est-elle une danse de garçons, ou bien les filles y occupent-elles une véritable place ?
  12. Peut-on parler de danse basque contemporaine ?
  13. Où puis-je apprendre à danser ?

 

1. À quand remonte la danse basque ?

Représentation de danseurs basques
Représentation de danseurs basques
La danse est un langage de communication sans paroles utilisé auquel les êtres humains ont eu recours depuis la préhistoire. Certains pensent que les premiers groupes humains ont pu danser avant même l’apparition de la langue orale. Si l’on considère que la danse basque est la danse pratiquée par les Basques, elle existerait donc depuis que les Basques existent.

2 | Existe-t-il une danse traditionnelle basque ?

L'aurreskulari Manuel Txapartegi (vers 1920 - cc-by-sa Indalecio Ojanguren)
L'aurreskulari Manuel Txapartegi (vers 1920 - cc-by-sa Indalecio Ojanguren)
Traditionnel signifie qu’il existe un savoir qui se transmet de génération en génération. Mais cela ne signifie pas que ce savoir n’évolue pas. Bien au contraire, les expressions culturelles traditionnelles évoluent et s’adaptent en même temps que la société, et c’est grâce à cela qu'elles perdurent. C’est donc grâce à cette capacité d’évolution qu’elles sont traditionnelles. Il en va ainsi de la danse traditionnelle basque : elle a reçu et intégré des traits de chaque époque et par conséquent, elle est un condensé des différentes pratiques liées à la danse qui ont été les nôtres, en tant que Basques, et plus globalement, en tant qu’Européens.

 

3. Pourquoi les Basques aiment-ils la danse ?

Cavalcade et Toberak à Irissarry (2012 - Iñaki Zugasti / dantzan.com - CC-BY-SA )
Cavalcade et Toberak à Irissarry (2012 - Iñaki Zugasti / dantzan.com - CC-BY-SA )
Il n’existe pas dans le monde de peuple qui ne danse pas. La danse est la réponse que nous apportons, en tant qu’êtres humains, au besoin que nous avons de communiquer à l’aide de notre corps. Nous, les Basques, sommes particulièrement attachés à la danse et nous ne concevons pas la fête sans la danse. Mais nous ne sommes pas les seuls dans ce cas à travers le monde. La plupart des peuples éprouvent un amour infini pour la danse. Avant tout parce que danser procure du plaisir : de même que nous aimons écouter de la musique, nous aimons aussi danser. À travers l’histoire, durant certaines périodes, la danse a été également une manière de fixer et de représenter l’identité politique d’une société, et les Basques se sont souvent présentés par l’intermédiaire de la danse. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles nous aimons la danse. Actuellement, de très nombreux villages et quartiers ont trouvé dans la danse la voie leur permettant de renforcer leur identité et de la rendre spécifique.

4. Le fandango est-il la danse traditionnelle des Basques ?

Fandango
Fandango
On peut discuter le fait d’avoir besoin ou pas de danse nationale, et il se trouve qu’à chaque époque, on a choisi des danses différentes pour être danse nationale : mutil-dantza, dantzari-dantza, larrain-dantza, etc. Mais à l’heure actuelle, avoir une danse nationale n’est pas vu d’un très bon œil. Le fandango est une danse arrivée au Pays basque en provenance d’Espagne. À une époque, elle était surtout dansée en couple, sur un rythme ternaire, et durant la période baroque, elle était considérée comme une danse érotique et indécente entre hommes et femmes. C’est avec cette réputation qu’elle a été diffusée au Pays basque au XIXe siècle, et malgré les interdictions et la réprobation dont elle fut l’objet, elle a exercé une véritable attraction sur les habitants du pays, et sa diffusion a connu un vif succès. Selon Miguel Angel Sagaseta, le fandango a investi la province du Labourd aux environs de 1870. Dans la partie occidentale du Pays basque, il est plus connu sous le nom de jota. En principe, la jota, comme la trikitixa, comprend en son sein un couplet, une partie chantée, ce qui la différencie du fandango. Mais les jota sans couplets sont courantes et souvent, ce qui est désigné dans un village sous le nom de jota sera appelé fandango dans un autre.

5. Quelle est la signification de l’Aurresku ?

Aurresku à Lastur
Aurresku à Lastur
L'Aurresku est une danse dérivée de la soka-dantza. Dans la soka-dantza, l’aurresku est le premier danseur (aurreko eskua > aurreskua = la main de devant). Les soka-dantza sont dansées dans tout le Pays basque, en chaîne, main dans la main. Certaines parties de la soka-dantza, interprétées par des solistes (l’aurresku et l’atzesku), ont été détachées de la soka-dantza, et à l’heure actuelle, sont présentées indépendamment. Cette pratique s’est répandue au cours des 40 dernières années. Les danses effectuées lors de l’aurresku sont donc celles qu’exécute le premier danseur (aurresku) ou le dernier (atzesku) dans la soka-dantza : il s’agit essentiellement du salut ou de la révérence, mais en Biscaye et en Alava, on danse également le aurkez-aurke (face à face ou défi), le zortziko et les abarketa (sandales en cuir) sous forme de « suite ». Ainsi détaché de la soka-dantza, l’aurresku est utilisé en diverses circonstances ou lors d’événements particuliers : hommages, bienvenues, remises de récompenses, inaugurations, etc. Dans la soka-dantza, l’aurresku exécute cette danse en guise de bienvenue à la fille ou au garçon invité(e) à se joindre à la chaîne, et cette signification s’est étendue à toutes les autres manifestations.
En savoir plus: L'aurresku et les soka-dantza
Voir aussi : une partition d'aurresku arrangée par le musicien Jo Maris 

6. Quand et par qui ont été inventés les sauts de danse du Pays basque nord ?

Sauts basques à Ciboure
Sauts basques à Ciboure
On ignore qui les a inventés et à quelle époque. D’après les écrits de Miguel Angel Sagaseta, les sauts étaient déjà dansés au XVIe siècle, mais sans doute sont-ils antérieurs, bien qu’aucune documentation écrite ne l’atteste.
En savoir plus : Chant et danse basque , la transmission des sauts basques par le chant (article de Xabier Itzaina)

 

7. Est-il vrai que le ballet est issu de la danse basque?

À la naissance du ballet, différentes traditions se sont mêlées, et il est possible que l’une d’elles ait été la danse basque, mais nous savons peu de choses à ce sujet. En 1661, à l’initiative du Roi Soleil, Louis XIV, Beauchamp établit, à Paris, les bases du ballet. Dans ce premier ballet figuraient plusieurs danseurs basques dont on pense qu’ils furent amenés à Paris par Louis XIV, ébloui par les merveilleux danseurs qu’il avait pu observer lors de ses noces à Saint-Jean-de-Luz. C’est la raison pour laquelle on a pensé que ces danseurs auraient contribué à cette naissance du ballet. En outre, dans la nomenclature de la danse classique, il existe deux pas désignés comme « basques » : le « pas de basque » et le « saut de basque ». Mais hormis ces deux seuls éléments, nous ne savons que peu de choses sur l’impact qu’aurait pu avoir la danse basque sur la naissance du ballet. D’autre part, le corpus chorégraphique constitué par le ballet doit beaucoup à l’enseignement des maîtres de danse de la Renaissance, diffusé dans toute l’Europe, et sans doute la danse basque s’est-elle nourrie également de ce corpus. Par conséquent, plutôt que d’affirmer que la danse classique est issue de la danse basque, il est plus juste de dire que toutes deux se sont enrichies de l’apport des maîtres de danse de la Renaissance.  
En savoir plus : Danse basque et danse classique

8. Dans quels villages peut-on voir les danses basques les plus significatives ?

Danse de l'épée de Zumarraga - Antio (2012 - Oier Araolaza / dantzan.com - CC-BY-SA)
Danse de l'épée de Zumarraga - Antio (2012 - Oier Araolaza / dantzan.com - CC-BY-SA)
Tout au long de l’année, nombreux sont les villages qui célèbrent des fêtes particulières, des carnavals surprenants, d’étranges rituels et de superbes festivals. En Soule, les mascarades, qui se déroulent de janvier à avril, sont les principales manifestations au cours desquelles on a l’opportunité de voir des danses. En Basse-Navarre et en Labourd, on peut découvrir les magnifiques danses des carnavals de Briscous, d’Ustaritz ou de Saint-Palais, les élégantes célébrations de la Fête-Dieu à Hélette, Iholdy, Armendarits ou Itxassou, et plus occasionnellement, les cavalcades et les toberak à Irissarry, Mendionde, Baïgorry et dans quelques autres villages. En Guipuzcoa, les danses de la Fête-Dieu à Oñati, la danse des épées d’Antioche à Zumarraga, ou encore les danses de carnavals à Lizartza sont particulièrement remarquables. En Biscaye, on mentionnera la dantzari-dantza de la région de Durango, la kaxarranka (danse du coffre) de Lekeitio ou la danse des épées de Markina-Xemein. En Navarre, la danse des épées de Lesaka, la larrain-dantza de Lizarra ou encore la paloteadoa (danse des bâtons) de Cortes constituent un très beau spectacle. Enfin en Alava, les danses d’Eltziego, le zortziko de Vitoria-Gasteiz ou la kate-dantza (danse en chaîne) d’Ekora méritent d’être connues.
En savoir plus : Les moments forts de la danse traditionnelle basque

9. Pourquoi les costumes de danse sont-ils différents d'une province à l'autre ?

Libertimendua (St-Jean-Pied-de-Port - 2006 - ICB)
Libertimendua (St-Jean-Pied-de-Port - 2006 - ICB)
La différence de costumes entre provinces est une image qui s’est renforcée au cours du siècle dernier. Longtemps il était courant d’avoir des caractéristiques différentes dans chaque village, ainsi que des ressemblances avec les villages environnants. À l’heure actuelle, tous les danseurs de la province de Biscaye portent le costume de la dantzari-dantza de la région de Durango, et dans toute la province du Guipuzcoa, les danseurs utilisent le costume des danseurs de brokel-dantza (danse du bouclier) de la région de Goierri. Toutefois, d’un village à l’autre, on peut observer des détails qui différencient le costume localement. Les danseurs de la danse des épées de Zumarraga, Legazpi, Deba, Tolosa, Donostia et Beasain ont tous des costumes différents. L’approche géographique et culturelle influence l’approche esthétique. Ainsi, les costumes de la Rioja alavaise offrent une grande ressemblance avec ceux de la Ribera navarraise, et ceux du Labourd sont très semblables à ceux de la Basse Navarre.

10. Les mutxiko sont-ils ouverts à tous ?

Mutxiko sur la place d'Irissarry (2012 - Iñaki Zugasti / dantzan.com - CC-BY-SA )
Mutxiko sur la place d'Irissarry (2012 - Iñaki Zugasti / dantzan.com - CC-BY-SA )
Aujourd’hui, en principe, tout un chacun peut participer à une session de mutxiko. Il suffit de connaître les pas pour entrer dans la ronde et profiter de la danse. S’il s’agit du spectacle d’un groupe de danse, préparé par les membres du groupe, il faut attendre la fin de la représentation pour pouvoir participer à certaines danses ouvertes à tous, mais dans les sessions publiques de mutxiko, n’importe qui peut participer.

11. La danse traditionnelle basque est-elle une danse de garçons, ou bien les filles y occupent-elles une véritable place ?

Dans la société d’une certaine époque, les garçons occupaient une place prépondérante dans la danse, mais pas seulement dans ce domaine, dans tous les autres secteurs de la société également. Il n’y avait pas de femme maire, les chanteurs, les improvisateurs et les musiciens étaient des hommes, et dans de très nombreux secteurs, l’homme régnait en maître. Mais, contrairement à ce que l’on croit aujourd’hui, les femmes prenaient part à la plupart des danses.

Danseuse et danseurs interprétant danse de l'épée et du bouclier à Añorga (Journée de Ste-Carmen, 2010)
Danseuse et danseurs interprétant danse de l'épée et du bouclier à Añorga (Journée de Ste-Carmen, 2010)
Par ailleurs, la société évolue et les femmes investissent tout à fait normalement des secteurs de plus en plus larges. Dans le domaine de la danse également, elles creusent lentement leur sillon. Trop lentement de l’avis de certains, trop rapidement pour d’autres. En Soule, dans les mascarades, les filles participent à tous les rôles dansés. En Guipuzcoa, il est de plus en plus courant de voir filles et garçons danser de la même manière la danse des épées et celle des boucliers. Au XVIIIe siècle, filles comme garçons dansaient les aurresku et les soka-dantza, danses en chaîne. À présent, on est en train de récupérer ou de recréer les danses en chaîne emmenées par des filles.

12. Peut-on parler de danse basque contemporaine ?

Les danses des kaskarot d’Ustaritz ou des aitzindari (éclaireurs) des mascarades de Soule sont des danses contemporaines. Elles suivent la tradition, mais sont dansées ici et maintenant, et en cela elles sont totalement modernes et contemporaines.

13. Où puis-je apprendre à danser ?

Il existe des groupes de danse dans de nombreux villages, ainsi que des stages de mutxiko (pas et sauts de danse) destinés aux adultes. Par le biais de la Fédération de la danse basque IDB, vous pourrez trouver le groupe ou le stage de danse le plus proche de chez vous.