Etxea, la maison des Basques

Jusqu'au Moyen âge, la maison bloc à salle unique, en pierre, en pisé ou en bois, couvre les trois provinces du Pays Basque nord, au même titre que la maison tour et les bâtisses en pierres sèches couvertes de lauzes.
C'est récemment qu'apparaissent les versions locales de deux types génériques forts différents: le « cantabro-aquitain », couvert de tuiles, en Navarre et au Labourd, et le modèle « pyrénéen »,  couvert d'ardoises, en Soule.

Maison à St-Etienne-de-Baigorry (© ICB)
Maison à St-Etienne-de-Baigorry (© ICB)

Les modèles navarrais et labourdins, à partir d'un thème principal décliné ici en deux versions générales qui se croisent parfois et présentent de nombreuses variations, sont de volume simple et rectangulaire. Ils sont bâtis à l'origine à partir d'une nef unique, à l'aide d'une ossature en bois garnie postérieurement de pierres.

Le modèle labourdin présente une façade principale à pan de bois surplombant le rez de chaussée maçonné et percé d'un porche intérieur, appelé "lorio", tandis que la façade du modèle navarrais est très souvent enrichie d'une porte centrée en plein cintre, en pierres appareillées et à claveaux surélevés.

Ces pignons, orientés au soleil levant, sont l'objet d'un soin particulier : ils peuvent être agrémentés de balcons en bois, de fenêtres croisées, être ornés d'éléments sculptés en pierre ou en bois (linteaux, arcs, pierres d'angle, tableaux gravés d'épigrammes ou de date).

Au cours du temps et en fonction des besoins, le volume initial peut être rehaussé d'un à deux niveaux ou, sur terrain peu accidenté, se prolonger de part et d'autre des longs pans, en lui donnant un aspect dissymétrique.

Le modèle souletin, d'un volume plus contrasté, présente des caractéristiques architecturales très différentes, proches des exemples béarnais et bigourdans.

Mais ce qui distingue davantage encore l'etxe, la maison basque, ce sont les relations « occupants occupé », régies par la tradition et un code juridique particulier qui octroient à l'aîné de la famille le nom de la maison et lui imposent des obligations domestiques originales, quasi sacrées.

Cette particularité du droit successoral favorise pendant longtemps une certaine pérennité et le maintien traditionnel de l'Etxe, tout au moins dans sa partie d'habitation. Devenus sensibles à son originalité et à son intérêt patrimonial, leurs héritiers, ou leurs nouveaux propriétaires, tentent parfois avec plus ou moins de bonheur, de la restaurer en l'adaptant le mieux possible à ses nouvelles destinations.

L'avènement du régionalisme en architecture, né du retour aux valeurs paysannes et à l'art populaire à partir de la deuxième moitié du XIX° siècle, offre un nouveau visage à la maison basque qui a perdu sa fonction rurale. Sa traduction en villa de luxe, néo-basque, puis par la suite en maisons labourdines banalisées, est encore si forte qu'elle n'arrive pas, ou très peu, à être véritablement renouvelée.

Devra-t-elle rester un témoignage patrimonial ou devenir source d'inspiration ? Tel est le défi lancé aux générations futures.

Une contribution de Michel BERGER (architecte).

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