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Jean Nesprias

Jean Nesprias

Extraits

"Il faut toujours garder l’objectif de faire de la danse basque"

"Je suis pour l'évolution, mais je pense que dans cette évolution, il faut garder l'objectif que l'on fait de la danse basque. Il ne faudrait pas que cette évolution conduise à faire de la danse "tout court". Moi je veux faire de la danse basque, j’ai enseigné la danse basque, je ne me sens d’ailleurs pas capable d’en enseigner une autre. Il faut laisser à chacun sa personnalité. Qu’on fasse de la danse et qu’on dise que c’est une adaptation de la danse basque, je peux l’admettre. Mais faire ce que l’on voit et dire que c’est de la danse basque, je ne suis pas d’accord."

© Département des Pyrénées-Atlantiques – Archives départementales - Collecte "Eleketa". 2012 - 19AV39

Des territoires à plus ou moins forte tradition

Jean Nesprias cite la Soule ainsi que Saint-Jean-Pied-de-Port et Baigorri en Basse-Navarre comme lieux à forte tradition dansée. Quant aux danseurs labourdins, ils ne bénéficient pas de la même réputation. Sur ce territoire, plusieurs groupes se sont depuis constitués, notamment à l’initiative de Jean Nesprias.

Jean Nesprias. Collecte "Eleketa". 2012 © Département des Pyrénées-Atlantiques - Archives départementales - 19AV67

Le maître à danser Don Segundo Olaeta : technique d’enseignement

La méthode pratiquée par Segundo Olaeta était spéciale : la répétition se déroulait assise. Il montrait le travail des pas et la position des pieds. Puis élèves et enseignants (Segundo et ses enfants) se levaient et interprétaient la danse. Un enseignement sur lequel Jean Nesprias porte aujourd’hui un regard critique.

Jean Nesprias. Collecte "Eleketa". 2012 © Département des Pyrénées-Atlantiques - Archives départementales - 19AV43

Les débuts de Segundo Olaeta à Biarritz

Jean Nesprias a commencé à apprendre les danses basques avec Segundo Olaeta à l’âge de 12 ans, en 1939. Quand les réfugiés de la guerre civile d’Espagne sont arrivés en France, Olaeta a été accueilli à Biarritz par le vicaire abbé Urricariet, directeur de l’école Immaculée de Biarritz, où Jean Nesprias se rendait. Olaeta vint à cette école apprendre la danse à tous ceux qui le désiraient. C’est ainsi que s’éveilla en Jean l’intérêt pour la danse basque.

Jean Nesprias. Collecte "Eleketa". 2012 © Département des Pyrénées-Atlantiques - Archives départementales - 19AV39

Segundo Olaeta : un grand monsieur, aussi simple qu’aimable

Don Segundo Olaeta n’était pas exigeant, au contraire, il était très aimable, très simple. Il avait un peu de difficulté à parler en français. Quand ça n’allait pas, l’expression "tam tam puñeta" fusait vite ! Ensuite, le groupe a continué un bout de temps avec l’un de ses enfants, Victor, décédé il y a peu et avec qui Jean Nesprias était très ami. Segundo Olaeta se faisait aider par ses enfants mais c’était lui qui dirigeait la répétition. Parfois, ses enfants se mêlaient aux élèves pour illustrer les explications, parce qu’ils avaient déjà effectué des tournées ensemble en Amérique. La famille s’était d’abord réfugiée à Paris d’où le groupe avait rayonné pour des tournées importantes à l’étranger. Olaeta avait auparavant été directeur de l’ensemble de Gernika, orchestre inclus.

Jean Nesprias. Collecte "Eleketa". 2012 © Département des Pyrénées-Atlantiques - Archives départementales - 19AV41

Danse et danse basque

Jean Nesprias parle de l’évolution de la danse basque : mais même s’il est favorable à son évolution, il différencie la danse et la danse basque. Pour lui il faut garder l’objectif de rester dans la danse basque.

Jean Nesprias. Programme "Eleketa". 2012 © Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques - 19AV0049

Orok bat : un groupe paroissial

Jean Nesprias a commencé à enseigner les danses basques (d’abord aux garçons puis aux filles) à Orok Bat en 1941, à la demande de l’Abbé Bassaistéguy, curé de Blancpignon, auparavant vicaire à Biarritz avec l’abbé Urricariet et ayant bien connu Segundo Olaeta. Orok Bat était alors un patronage. Afin de proposer aux jeunes une activité autre que le foot, Jean fonda le groupe Orok Bat en 1943.

Jean Nesprias. Collecte "Eleketa". 2012 © Département des Pyrénées-Atlantiques - Archives départementales - 19AV53

Danseur et musicien à la fois

Jean Nesprias a toujours donné des cours de danse en jouant du txistu en même temps. Après avoir appris le solfège (il jouait du saxophone), il a appris le txistu avec le Baigorriar Jean Hillau qui avait sa propre méthode d’enseignement. Jean a, à son tour, utilisé la même méthode d’enseignement pour enseigner le txistu à son propre fils et à ses élèves. Il a toujours enseigné la danse et le txistu.

Jean Nesprias. Programme "Eleketa". 2012 © Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques - 19AV75

La place des femmes dans le groupe Olaeta

Jean Nesprias explique qu’à l’époque, les femmes ne dansaient pas les danses d’hommes. Aujourd’hui les garçons délaissent la danse pour d’autres activités comme le football. Il existe donc des groupes où il n’y a plus un seul garçon. Les filles interprètent alors le répertoire masculin. A l’époque du groupe Olaeta, les femmes interprétaient les danses mixtes ainsi que les "Arku dantza" (danses d’arceaux). Certains ont reproché à Olaeta d’avoir créé des danses de femmes. Dans le groupe Olaeta, les répétitions étaient mixtes.

Jean Nesprias. Collecte "Eleketa". 2012 © Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques - 19AV45

En savoir plus

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Jean Nesprias est né le 18 juin 1927 à la ferme "Sabaou" à Biarritz dans laquelle, son père venu domestique à l'âge de 17 ans, s'implanta définitivement après son mariage avec la fille de la maison. Il a donc grandi dans une famille de paysans, entouré de deux frères et de deux soeurs. Il a été scolarisé à l'école Immaculée Conception de Biarritz jusqu'en 1941. A l'âge de 14 ans, titulaire du Certificat d'Etudes Primaires, il étudie la mécanique automobile avant de passer son CAP au bout de trois ans, en 1944. Il pratiquera ce métier jusqu'en 1955, année durant laquelle il perdra son travail et décidera de vivre de l'enseignement de la danse basque.

Avec le soutien moral du cardinal Etchegaray, alors vicaire général, il démarche alors auprès des paroisses, écoles privées et associations culturelles du Pays Basque et créé son propre emploi de moniteur de danse basque. L'association Ohidurak sera, dès 1959, son employeur officiel.

En 1969, il devient conseiller technique et pédagogique en Arts et Traditions Populaires auprès du Ministère de la Jeunesse et des Sports et continue, avec son nouvel employeur, l'enseignement de la danse basque auprès des écoles et associations.

Durant les quarante années où il enseigne (1955-1992), il intervient dans près d'une trentaine de communes et organise régulièrement de grands rassemblements d'enfants et de jeunes, ainsi que le festival international de folklore de Bayonne et du Pays Basque. Jean a appris à danser au sein du groupe Olaeta, puis a créé dès 1943 le groupe Orok Bat à Anglet, qui est devenu en 1963 le groupe Orai Bat de Bayonne.

Ayant pris sa retraite d'Orai Bat, Jean crééra en 1993 le groupe Erro Bat. Jouant également du txistu depuis son jeune âge, il continue encore aujourd'hui à enseigner cet instrument, et même à le pratiquer à diverses occasions festives. Marié à une landaise aujourd'hui décédée, Jean Nesprias est père de six enfants.

Avec Philippe Oyhamburu et Koldo Zabala, deux autres personnes emblématiques de la danse en Pays Basque nord dans les années 1950-1980, il a accepté de participer en 2011 à une création chorégraphique de Mizel Théret ("Oroitzen naiz") retraçant leur parcours.