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Pantxika Telleria

Pantxika Telleria

Extraits

"Le chant et la danse m’apportent de la sérénité dans la vie"

Pantxika Telleria a toujours aimé le mouvement. Elle se revoit, enfant, entrer naturellement dans le cercle des danseurs de fandango. Savoir ou ne pas savoir danser n’était pas un problème. Le fait d’avoir des musiciens dans son entourage familial a peut-être contribué à installer cette relation. Pour elle, les étiquettes "danse basque", "danse classique" ou "danse contemporaine" sont pesantes. Elle a toujours vécu la danse en tant que telle. Elle accorde une place fondamentale aux transitions. Elle regrette qu’aujourd’hui, on veuille fabriquer des athlètes avec des enfants de 10 ans. Exiger d’un enfant de cet âge de lever la jambe et de faire bouger sa colonne vertébrale dans tous les sens est très préjudiciable pour le corps. Les enfants doivent apprendre les transitions, tout en douceur. Lorsque le corps est assoupli, il peut tout faire. Elle-même a appris toutes ces transitions de la danse classique grâce à la danse basque. Ce qu’elle apprécie également dans les danses populaires, c’est la possibilité pour les personnes âgées d’y participer. Voir la danse faire revivre un corps adulte, mûr, qui a vécu et surmonté des choses, c’est quelque chose de très beau. Il est aussi très important pour elle de marquer l’espace. Une expérience partagée avec quelqu’un reste gravée quelque part à jamais. Le chant et la danse lui apportent une certaine sérénité dans sa vie, la sensation que, quoi qu’il arrive, cette onde bienfaitrice ne s’arrêtera jamais. Ses deux maternités ont également marqué sa vie de danseuse, plus que n’importe quelle oeuvre qu’elle a pu interpréter. Ce sont des expériences qui sont en lien avec la matière, et c’est à travers la matière qu’elle vit la danse, qu’elle soit basque ou pas.

© Département des Pyrénées-Atlantiques – Archives départementales - Collecte "Eleketa". 2014 - 19AV1351, 1353-1354, 1359

"Nous avons tous la faculté de danser"

Pantxika Telleria nous dit que chacun doit trouver son propre chemin pour danser. Elle présente la méthode Feldenkrais. Nous avons tous la capacité de danser. Accepter, montrer... c'est autre chose. On doit se centrer sur son propre corps, retrouver certaines sensations... un travail quotidien est nécessaire. Elle utilise la méthode mise au point par le scientifique et sportif Moshé Feldenkrais. Celui-ci s'était blessé. Pour récupérer l'usage de sa jambe, il élabora une méthode. Elle s’utilise en position allongée. Le système nerveux désactive la force nécessaire pour lutter contre la gravité. Alors, l'animateur propose une voie vers le mouvement, en utilisant uniquement des mots. Nous interpréterons tous différemment ce mouvement. Ce sont des mouvements simples, mais nous les avons limités, en grandissant. Parfois jusqu'à la pathologie. Là, on propose au corps de retrouver ses propres voies. Pantxika essaie toujours de mettre les interprètes en situation de confiance. Car lorsque l'interprète a compris qu'on lui fait confiance, il est capable de répondre à n'importe quelle demande. Il va porter ainsi le niveau d'interprétation jusqu'au niveau nécessaire. D'après Pantxika, le problème actuel de la danse basque ou de la danse traditionnelle est qu'elle vit avec un fort complexe par rapport à la danse académique ou par rapport à la danse vue à la télévision. Cela conditionne la façon de danser.

Pantxika Telleria. Collecte "Eleketa". 2014 © Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques - 19AV19AV1356

"Il n’y a pas de tradition, la danse doit être vivante"

Pour Pantxika Telleria, il n’y a pas de tradition. La danse doit être vivante. Il existe des codes établis qui font partie de la culture populaire, mais au moment de la transmission, si elle sent que ces codes ne sont pas "vivants", elle les laisse de côté. Si elle a la possibilité de les réactiver, parce qu’ils ont du sens, alors elle les transmet. Elle ne saurait transmettre quelque chose qui est sclérosé. Ce qui l’intéresse dans la danse, c’est la fluidité, qui passe par la respiration. Les thèmes de ses créations ne sont que de l’enrobage pour toucher le public. Elle regrette que ce monde manque de respirations. Tout est identifié, étiqueté, formaté. Le fait d’être ensemble autrement apporte un bien-être. Elle a beaucoup appris de son travail avec les enfants, qui attendent que l’on installe cette fluidité dans la relation, dès le départ. Pour le spectacle "Lodikroko", créé en 2007, le travail sur la respiration a été fondamental. Cette fluidité est magique, elle crée un véritable plaisir.

© Département des Pyrénées-Atlantiques – Archives départementales - Collecte "Eleketa". 2014 - 19AV1357

En savoir plus

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Pantxika Telleria est née en 1972 à Saint-Jean-de-Luz. Elle est l’ainée d’une famille de trois enfants et a eu, très jeune, le goût de la danse. Elle intègre d’abord le groupe de danse basque traditionnelle Begiraleak puis, à l’âge de 13 ans, annonce à ses parents qu’elle a l’intention de faire sa vie dans la danse.

Elle intègre en 1987 le Conservatoire national supérieur de Paris mais sa carrière s’arrête en mai 1989 à cause d’une blessure au genou. Elle retourne au pays, reprend ses études et réintègre le groupe Begiraleak. Elle ne renonce pas au désir de faire de la danse sa profession et obtient en 1996, au CEFEDEM de Bordeaux, le diplôme de professeur de danse.

Consciente qu’elle préfère mettre en oeuvre une création plutôt que l’interpréter, elle créé en 2001 la compagnie EliralE et depuis, signe chaque année une nouvelle chorégraphie. EliralE investit surtout le monde de la création pour le jeune public et collabore avec des intervenants de différentes disciplines artistiques (théâtre, musique, danse).

La compagnie a également ouvert des ateliers bascophones de danse pour enfants auxquels les deux enfants de Pantxika participent, mais aussi pour femmes de plus de 50 ans.

Emotion et mouvement sont deux maîtres mots qui guident la pratique artistique de Pantxika Telleria car ils lient la danse à son identité basque.