Tradition et création

La création est un outil habituel pour revitaliser la tradition, car la tradition qui ne s’adapte pas aux évolutions de la société court le risque de se fossiliser et de s’interrompre. A partir de 1965, une direction de travail alliant ces deux concepts, souvent interprétés comme antagoniques, s’imposa dans le monde de la danse basque. Le groupe de danseurs basques Argia entreprit de présenter ses travaux comme le résultat d’une recherche préalable sur les racines de la danse traditionnelle, aménagées et rénovées. Ce nouveau modèle de travail connut alors un vif succès et fut imité par la plupart des groupes de danse basque. 

Le groupe Argia de Juan Antonio Urbeltz 

Déterminé à étudier les traditions locales et à combiner rigueur et virtuosité, le groupe Argia élabora, à partir de 1965, un nouveau modèle de mise en scène des danses traditionnelles, qui suscita une révolution dans la dynamique développée jusqu’alors. Il fut à l’origine de travaux de création basés sur des structures chorégraphiques et des systèmes symboliques traditionnels, et mit en place un vaste répertoire traditionnel. Cette révolution, offerte par le groupe Argia à la danse basque, fut incarnée par un groupe de personnes dédiées corps et âme au travail sur les costumes, la danse et la musique, à une direction théorique assurée par Juan Antonio Urbeltz et à la direction musicale de Marian Arregi. À travers des spectacles monographiques sur des régions ou des thèmes spécifiques, Argia récupéra et remit en circulation des répertoires oubliés, sur le point de disparaître et, parfois même, totalement disparus. En présentant la dantzari dantza de Berriz dans sa version originale (1966), Nafarroa (1970), Gipuzkoa (1972), Lapurdi (1974) et Zuberoa (1978), le groupe changea définitivement l’image de la danse basque. Stimulés par l’aiguillon Argia, d’autres groupes décidèrent de le suivre sur cette voie.

Le spectacle Zortziko, représenté pour la première fois en 1988, a constitué un tournant dans l’histoire de la danse basque. Juan Antonio Urbeltz a démontré que la tradition et la création pouvaient être les deux faces d’une même médaille. En se fondant sur un travail systématique d’investigation et une abondante contribution écrite, il a identifié le rôle symbolique qu’ont joué les danses dans la culture traditionnelle et n’a cessé de poursuivre son travail au cours des dernières décennies, en créant des danses et des spectacles de danse qui font et feront revivre ces métaphores sur de nouvelles scènes : Alakiketan (1991), Kondharian (1997), Pas de Basque (2002), Axeri-boda (2008), Axuri Beltza, créé à l’occasion du 40e anniversaire de la reprise de la danse des femmes de Jaurrieta (2009) et Besta Berri (2012).