La danse comme exercice mémoriel

A la différence des cycles de danses s’appuyant sur une structure régulière, certaines danses sont construites sur des bases chorégraphiques et musicales irrégulières ou, selon le mot de J. A. Urbeltz, "labyrinthiques".
Le saut basco-béarnais, certains mutil dantza (danses des jeunes hommes) du Baztan, mais aussi les soñu zaharrak (mélodies anciennes) du Guipuzkoa ou les erregelak (danse en chaîne) du Duranguesado partagent cette caractéristique.
Les parentés entre ces genres sont connues. On retrouve, par exemple, trace du saut nommé Lapurtarrak dans le soñu zaharra guipuzcoan : Kuarentako erregela. Ces constructions mélodiques, comme l’ont montré J.-M. Guilcher et M. A. Sagaseta, intriguent à bien des égards : généralement bâties autour de thèmes à la mode aux XVIIe-XVIIIe siècles, elles développent ensuite les motifs de façon asymétrique, tout en dégageant une impression d’unité.
On est en droit d’imaginer que ces compositions aient été conçues pour être des défis mémoriels, afin de singulariser la jeunesse en mesure d’exécuter correctement les enchaînements.
Les noms que portent ces danses ouvrent en soi un autre champ d’interrogations.