Allandu Bordaçarre Etxahun - Trois-Villes (1962)
Lors de leur enquête en soule, pour Hélène et Jean-Michel Guilcher, le passage par la maison Etchahun était inévitable. Ils y trouvèrent des informateurs de tout premier plan ainsi qu’un exécutant, avec Allandu Bordaçarre, parmi les meilleurs danseurs de sa génération.
Allandu (Arnaud) Bordaçarre (1936-) - Trois-Villes (1962) - Remarque : il s'agit d'un film muet.
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Dans un premier temps, Arnaud Bordaçarre nous montre quelques pas utilisés dans les sauts. En l’occurence il s’agit des pas servant à l’exécution d’Aintzina pika ou Marianak : Aintzina Pika (Luze eta jauzi), Simple (et/ou doble) Zeina, Ezker, Eskuin, Hirur ezker (c’est ainsi que Guilcher le nomme) et enfin Ebats Mutz.
Il fait ensuite démonstration d’un grand nombre de points de principe. Les appellations ici précisées sont celles notées par Jean-Michel Guilcher :
- 01:47 : Moucheté simple / moucheté sept temps : l’appellation fait référence au point complet composé de trois mouchetés et un assemblé pour quatre temps musicaux. Il est répété deux fois symétriquement en commençant par la droite. Il est filmé par l’avant puis ensuite par l’arrière.
- 02:04 : Tombé moucheté : le point est composé d’un tombé, d’un moucheté et d’un assemblé. Il se répète comme le veut la règle de la symétrie, à droite puis à gauche. Dans son livre, Jean-Michel Guilcher nomme ce point « Tombé llabur » (La tradition de danse en Béarn et Pays Basque français - page 340).
- 02:17 : Moucheté luzea : Tombé moucheté luzea semble le nom adapté pour ce point. C’est ainsi que le nomme Guilcher dans ses écrits (La tradition de danse en Béarn et Pays Basque français - page 340).
- 02:43 : Pas français : l’appellation « Pas français » fait référence au point complet soit une unité motrice de huit temps exécutée en avant puis en arrière.
- 03:13 : Pas français avec moucheté et ailes de pigeon et retour du pas : Appelé aussi point de Larrau ou pas-français de Larrau. D’après Jean-Michel Guilcher il serait nommé ainsi en raison du village ou il fut créé. Composé de deux points de huit temps, il comporte d’abord un pas-français vers l’avant suivi d’un moucheté et entrexat. Les huit temps suivant sont identiquement reproduit vers l’arrière (La tradition de danse en Béarn et Pays Basque français - page 365).
- 04:15 : Pas français trompé : Ici aussi le nom est donné à l’ensemble du point comportant l’aller et le retour. Bien qu’il n’apparaisse pas sur la vidéo, on suppose que le point est répété une deuxième fois comblant ainsi la phrase musicale. La répétition se fait deux fois démarrant du pied droit, échappant à l’habituelle symétrie des points.
- 04:55 : Pas de Bürgübürü : plus qu’un point, il s’agit ici d’une danse de Satan complète, soit l’enchaînement des points correspondant à deux mélodies de « Satan Dantza ». Équivalentes à la structure musicale AABB/AABB, cette suite de points fut composée par Jean-Batiste « Batixta » Aguer Bürgübürü (1904-1967). D’après Jean-Michel Guilcher, Allandu Bordaçarre l’aurait lui même modifiée pour les besoins de la pastorale Santso Azkarra donnée en 1963 (La tradition de danse en Béarn et Pays Basque français - page 365-366).
- 05:48 : Pas français trompé brisé : Il s’agit d’une variante du « pas-français trompé » évoqué précédemment. Le mouvement aller se termine en l’occurence par un frejat bakun (Brisé = frejat bakun).
- 06:32 : Tombé à gauche, brisé à droite et tombé avec brisé à gauche et à droite : Le point se compose d’un tombé et d’un frejat bakun. Il est ainsi nommé car le premier point est donné vers la gauche alors que la logique voudrait qu’il débute vers la droite. Il est d’abord exécuté avec un tombé simple et ensuite orné d’un frejat bakun (brisé) pour terminé le pas tombé initial.
- 08:10 : Pas de té : on nomme ainsi l’ensemble du point dont l’aller et le retour sont équivalent à huit temps musicaux. Ici le danseur l’’exécute deux fois en commençant du pied droit.
- 09:01 : Pas de té avec brisé : une variante du point précédent. Le mouvement aller se termine ici par un frejat bakun (brisé).
- 09:53 : Pas de té avec double brisé au retour : Encore un variante du pas de té. Si le mouvement aller se termine ici aussi par un frejat bakun, le retour lui est conclu par un frejat bakun (brisé) et un frejat double.
- 10:32 : Fouetté brisé : Le point est composé d’un fouetté et d’un frejat bakun (brisé). Il est répété quatre fois alternativement en démarrant vers la droite. Guilcher précise qu’il est nommé « frotté » à Barcus (La tradition de danse en Béarn et Pays Basque français - page 350).
- 10:58 : Brisés : Suite de Frejat bakun.
- 11:21 : Frijat double : le danseur exécute ici les frejat les un après les autres (un frejat pour deux temps) puis enchainés (trois frejat pour quatre temps).
- 12:02 : Antrixatak ordinaires : Entrexat ou ailes de pigeon.
- 12:15 : Antrixat Herrexta : il s’agit d’une variante de l’entrexat « ordinaire ».
- 12:28 : Antrixat Aidin edo Luzea : Une autre variante de l’entrexat « ordinaire ».
- 12:38 : Antrixatak Tombé : Comme son nom l’indique, ce point est composé de deux éléments : un entrexat (temps 1-2) et un tombé (temps 3-4). L’entrexat ne terminant pas en position d’assemblé, le tombé s’exécute d’un seul pied d’appuis, ce que Guicher nomme « jeté » (La tradition de danse en Béarn et Pays Basque français - page 319 et page 337).
- 12:50 : Antrixatak (Guilcher fait suivre l’appellation antrixatak par un point d’interrogation) : il semble que le point visible ici soit un enchainement que l’on pourrait nommer « foutté-entrexat ». Soit les deux premiers temps du « fouetté-brisé » précédemment évoqué suivi d’entrexat et assemblé comblant les deux temps suivants.
- 13:01 : Tombé Antrixatak : Contrairement au point « Antrixatak tombé » évoqué plus tôt, le danseur exécute d’abord un entrexat puis un tombé depuis la position d’assemblé.
- 13:13 : Antrixatak Ancien : Jean-michel Guilcher ne donne aucune précision quand à la référence « Ancien » qu’il évoque. Difficile de dire à quoi elle fait allusion.
- 13:35 : Tire bouchon : Ce point effectué en tournant est souvent utilisé lors de l’exécution de la Gavotte. Il peut également entrer dans la composition d’autres points. Il est décrit par Guilcher et nommé « Pirouette plane » (La tradition de danse en Béarn et Pays Basque français - page 357).
- 14:00 : Tire bouchon avec brisé et tombé brisé sur le coté et frijat : Comme son nom l’indique, ce point se compose des éléments évoqués précédemment. Il entre dans la composition du point de Bürgübürü. On le retrouve tel quel dans la dernière séquence.
- 14:12 : Le Pas russe ou terre à terre en reculant /Le Pas russe ou terre à terre en avançant : Allandu Bardaçarre exécute ici des pas russes en avant et en arrière. Il semblerait que Jean-michel Guilcher ait par endroit relevé ce point sous l’appellation terre-à-terre.
- 14:29 : Le pas de Bourré : on peut observer le pas exécuté deux fois, filmé par devant et par derrière. Jean-Michel Guilcher précise dans ces notes que Etxahun aurait dit que son fils ne le faisait pas correctement.
- 14:41 : Godalet dantzarako puntuak : Pour terminer, Allandu Bordaçarre fait démostration de plusieurs points servant à l’exécution de la godalet dantza.
Ce sont des points spécifiques réalisés autour du verre. Etxahun père et fils rappellent à Guilcher que peu de danseurs montent sur le verre car « c’est trop facile ».
À bon entendeur, Salut !
En savoir plus
- Fonds audiovisuel Guilcher - 002. Allandu Bordaçarre - Trois-Villes (1962)
- Allendu (Arnaud) Bordaçarre - Mintzoak.eus
- "Mascarade souletine : l'évolution des pas"- Allendu (Arnaud) Bordaçarre - Mintzoak.eus
- Analyse des images et rédaction : Jon Iruretagoyena - Maritzuli konpainia.
Le dépôt du fonds audiovisuel de Jean-Michel et Hélène Guilcher par leurs enfants auprès de l'Institut culturel basque et de l'association Dantzan constituait une opportunité pour restituer ce trésor aux amoureux de la danse basque. C'est pourquoi l'ICB et Dantzan ont ensemble cofinancé les travaux de recherche et de rédaction préalables à sa diffusion.
Le dépôt du fonds audiovisuel de Jean-Michel et Hélène Guilcher par leurs enfants auprès de l'Institut culturel basque et de l'association Dantzan constituait une véritable opportunité pour restituer ce trésor aux amoureux de la danse basque. Partant de ce constat l'ICB et Dantzan ont construit un partenariat afin de cofinancer les travaux de recherche, de rédaction et de mise en ligne préalables à sa diffusion.
Au cours de l'hiver 2008, Xabier Itzaina se rend à deux reprises au domicile de Jean-Marie et d'Hélène Guilcher à Meudon. Le site Dantzan.eus a publié des extraits de ces deux entretiens informels avec le chercheur breton. Ils contextualisent les enquêtes de terrain réalisées en Pays Basque.