Littérature écrite basque : quelques jalons
Précédée par l'improvisation chantée et versifiée, tradition populaire orale qui s'est perpétuée jusqu'à nos jours, la littérature basque écrite apparaîtra fort tard.
Les fondateurs : XVIème-XVIIème siècles
La littérature écrite basque est née en Pays Basque nord. L'année 1545 marque une date essentielle dans l'histoire de l'écrit basque avec la publication du premier livre imprimé entièrement en langue basque, le fameux Linguae Vasconum Primitiae, recueil de poésies religieuses et profanes de Bernard Dechepare, curé de Saint-Michel (près de Saint-Jean-Pied-de-Port). Quasiment un siècle après (1643), Pedro de Aguerre, dit Axular, originaire d'Urdax en Navarre et curé de Sare publie Gero (Plus tard), considéré comme un chef-d'oeuvre des lettres classiques basques.
Entre temps, Jeanne d'Albret, reine de Navarre, devenue officiellement protestante en 1560, patronnera la publication de la traduction basque du Nouveau Testament en 1571 par Jean de Lissarrague de Briscous. Durant cette période où, surtout en Pays Basque, culture et savoir sont en grande partie entre les mains du clergé, un laïc parviendra à s'imposer : il s'agit du souletin Arnaud d'Oyhenart, juriste, spécialiste de l'histoire et du droit basques. Ses poèmes (un millier de vers) forment un ensemble unique en son genre dans la littérature basque ancienne par le parti pris d'une poétique stricte.
Une époque terne : le XVIIIème
Le 18ème siècle ne fournira aucun écrivain d'envergure. Il convient cependant de citer d'une part, les ecclésiastiques Salvat Monho, originaire d'Isturitz en Basse-Navarre et surtout le biscayen Juan Antonio Mogel, auteur de Peru Abarca, oeuvre d'une incontestable richesse expressive qui en fait un classique des lettres basques ; d'autre part, les laïcs Joanes d'Etxeberri, médecin de Sare et le souletin Eguiatéguy.
En fait, ce siècle sera celui des apologistes et des grammairiens avec à leur tête le jésuite guipuzcoan Manuel de Larramendi (1690-1766), célèbre notamment pour ses importants travaux linguistiques.
La renaissance du XIXème siècle
La littérature et la culture basques trouvent des soutiens qu'elles navaient pas connus auparavant : des journaux, tel Ariel dirigé par Augustin Chaho; des ouvrages ethnographiques, comme le fameux livre de Francisque Michel Le Pays Basque, sa population, sa langue, ses moeurs, sa littérature et sa musique, 1857; enfin, à partir de 1853, les concours de poésie patronnés par le savant mécène Antoine d'Abbadie. Il en découlera une effervescence littéraire où la fable tiendra une bonne place (Jose Antonio Uriarte, Jean-Baptiste Archu).
Trois auteurs marqueront l'univers de la création poétique : tout d'abord, deux personnalités au destin singulier, le souletin Pierre Topet Etxahun (1786 - 1862) et le guipuzcoan Jose Maria Iparraguirre (1820 - 1881), auteur du célèbre chant Gernikako Arbola, exaltant le chêne, symbole de liberté ; d'autre part, Jean-Baptiste Elizanburu (1828 -1891), auteur d'une oeuvre très modeste en quantité, mais dont quelques poèmes sont devenus des classiques chantés des deux côtés de la Bidassoa (Ikusten duzu goizean par exemple).
L'époque contemporaine
La première moitié de ce siècle est dominée par trois grands poètes : Lizardi (José Maria Agirre, 1896 - 1933) de Zarautz en Guipuzcoa, auteur d'une oeuvre poétique très élaborée ; Lauaxeta (Esteban Urkiaga, 1905 - 1937), biscayen fusillé par les franquistes ; Orixe (Nicolas Ormaetxea, 1888 - 1961), poète-romancier guipuzcoan, connu pour son poème épique Les Basques. A cela, il convient de citer deux auteurs de qualité, originaires du Pays Basque nord : le prosateur Jean Etchepare (1877 - 1935) auteur de deux ouvrages majeurs Buruxkak et Beribilez et le poète-fabuliste Jules Moulier dit Oxobi (1888 - 1958).
Dans la foulée des années 1950 marquées par deux écrivains importants Jon Mirande (1925 - 1972) et Gabriel Aresti (1933 - 1975), on assiste à un développement impressionnant de la production littéraire basque.
Enfin, si la traduction littéraire en langue basque a toujours existé en Pays Basque, nous assistons à un accroissement de cette pratique, notamment dans le domaine des grands ouvrages classiques et contemporains ou encore dans celui du livre-jeunesse.